Lettre d'information de la Commission de Venise
 
COMMISSION EUROPEENNE POUR LA DEMOCRATIE
PAR LE DROIT - CONSEIL DE L'EUROPE
www.venice.coe.int
 

mars 2009

78e session plénière
13 -14 mars 2009
  Plenary session 
A cette session la Commission de Venise a examiné :

· l
es amendements au Code pénal de l'Arménie
;
·
le projet d'amendements à la Constitution de l'Azerbaïdjan
;
·
la loi géorgienne sur les territoires occupés;

·
les dispositions constitutionnelles et législatives relatives à l'interdiction des partis politiques en Turquie.

D'autres avis adoptés par la Commission concernent:

·
l'admissibilité de référendums constitutionnels et le code éléctorale d'Albanie
;
·
les amendements constitutionnels et deux
mémoires amicus curiae pour la cour constitutionnelle en Géorgie;
·
la liberté de recevoir des informations en Arménie
;
·
la loi sur la Cour constitutionnelle de l'autorité nationale palestinienne;

· les actes normatives et le pouvoir judiciaire en Bulgarie ;
·  
les amendements à la Constitution et l'élection des députés du peuple de l'Ukraine.


En outre, la Commission a adopté les rapports sur le statut international des observateurs d'élections et le rapport explicatif du Code de bonne conduite en matière de partis politiques.

M. Peter Semneby, Représentant spécial de l'Union européenne pour le Caucase du Sud, Mme Véronique Arnault, Directrice des relations multilatérales et des droits de l'homme, DG-Relex, et M. Janez Lenarcic, Directeur du Bureau des Institutions démocratiques et des droits de l'homme de l'OSCE se sont adressés à la Commission.  

 
Les documents adoptés à la 78e session plénière

Prochaine session plénière

12 - 13 juin 2009

Publications

cover PVPD control 
Forces armées et services de sécurité : quel contrôle démocratique ? (2009)
 
ISBN978-92-871-6535-0 Prix :     35 € / 70 US$
 
A paraître fin avril 2009 
 
Ce livre présente les différents acteurs et leurs attributions dans le domaine de la sécurité, et confirme la nécessité d'assurer un équilibre entre une conception démocratique des libertés fondamentales et les garanties de sécurité, au travers des rapports de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et de la Commission européenne pour la démocratie par le droit.

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cover electoral russian.
 
ISBN978-92-871-6423-0
Prix :    39 € / 59 US$

Le présent ouvrage rassemble les principaux textes de caractère général élaborés par la Commission de Venise en matière électorale et référendaire. Sont en premier lieu présentés les documents de référence : le Code de bonne conduite en matière électorale et le Code de bonne conduite en matière référendaire. Plusieurs études de caractère général enrichissent judicieusement cette publication.

 
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No 2008/1 sont publiés. La nouvelle version de CODICES sera prochainement disponible sur www.CODICES.coe.int

 

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POINTS FORTS DE LA SESSION 

Référendum constitutionnel en Azerbaïdjan   
La Commission de Venise a analysé les amendements à la Constitution de l'Azerbaïdjan soumis à référendum le 18 mars 2009. Ces amendements comprennent des changements divers et regroupent un petit nombre de réformes importantes et des ajustements plus modestes.
 
Certains amendements constituent des améliorations significatives par rapport à la Constitution actuelle, telles que l'exigence d'une transparence accrue dans les affaires publiques et l'introduction d'une initiative populaire législative.
 
Dans le même temps, la Commission de Venise est préoccupée par quelques développements très négatifs en termes de pratique démocratique au vu du contexte qui prévaut e Azerbaïdjan. Cela est principalement le cas pour la suppression de la règle limitant à deux le nombre de mandats du Président, suppression qui renforce sa position déjà dominante et ne s'inscrit pas dans la pratique européenne.
 
De façon générale, les amendements constitutionnels ne suppriment pas la nécessité d'une révision constitutionnelle plus profonde, de façon à aboutir à une meilleure répartition des pouvoirs entre les branches du pouvoir de l'Etat.
 
Le document CDL-AD(2009)010 contient le texte d'avis et les observations des autorités azerbaidjanaises concernant l'avis de la Commission qui a été adopté, exceptionnellement, par vote.

 

Loi sur les territoires occupés de Géorgie
 
 La Commission de Venise a examiné la loi sur les territoires occupés de la Géorgie à la demande de la Commission de suivi de l'Assemblée parlementaire. Cette loi, entrée en vigueur en octobre 2008, est basée sur la prémisse que l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud appartiennent à la Géorgie ; cette position a été soutenue par l'Assemblée parlementaire dans sa Résolution 1647(2009).

La loi criminalise entre autres l'accès irrégulier en Abkhazie (Géorgie) et Ossétie du Sud (Géorgie) sans prévoir une exception explicite pour les situations d'urgence et pour l'aide humanitaire, et criminalise les activités économiques irrégulières dans ces régions. Ces dispositions, de l'avis de la Commission, devraient être modifiées car elles risquent de limiter l'accès des travailleurs humanitaires et la distribution de l'aide humanitaire dans les régions occupées, ce qui pourrait porter préjudice au bien-être de la population.
En outre, la loi s'applique rétroactivement jusqu'en 1990 : cela, de l'avis de la Commission, est en contradiction avec le principe de non-rétroactivité de la loi pénale et pourrait également enfreindre la Convention européenne des droits de l'homme, même si selon les autorités géorgiennes il s'agit d'une disposition seulement déclaratoire puisque la situation juridique serait la même qu'avant l'entrée en vigueur de la loi.

Dans le mesure où la loi prévoit également la nullité des transactions et des certificats émis par les autorités de ces territoires, la Commission préconise que la législation géorgienne garantisse clairement l'existence de procédures simplifiées de reconnaissance en Géorgie de ces documents et certificats. 

La Commission a également souhaité que la loi contienne une disposition visant à souligner le caractère transitoire de régime établi par cette loi, en prévoyant qu'il soit soumis à une révision périodique pour tenir compte des progrès dans la résolution du conflit. 
 

 

 Arménie - réforme du code pénal suite aux événements de février et mars 2008

Dans le cadre des engagements que les autorités d'Arménie ont pris vis-à-vis du Conseil de l'Europe, et notamment de l'Assemblée parlementaire (PACE résolution 1643(2009), § 6), la Commission de Venise a prêté son assistance au groupe de travail au sein du parlement d'Arménie présidé par M Davit Harutyunyan, et chargé de réformer les articles 225, 300 et 301 du code pénal.
 
Ces articles sont à la base des accusations portées contre des dizaines d'individus qui avaient participés aux manifestations contre les résultats des élections présidentielles en février 2008. Elles s'étaient terminées par des violents affrontements entre la police et les manifestants ; 10 personnes y avaient trouvé la mort. Le Conseil de l'Europe avait depuis demandé la libération des manifestants.
 
La réforme du Code pénal vise a réduire la possibilité d'une interprétation indûment large des ces dispositions concernant l'organisation de désordres de masse, l'usurpation des pouvoirs de l'Etat et l'incitation au renversement violent de la constitution.
 
La Constitution arménienne prévoit tant la non rétroactivité de la loi pénale que la rétroactivité de la loi pénale plus favorable. La Commission de Venise a fourni au parlement arménien des exemples tirés d'autres pays européens et a clarifié la portée rétroactive de cette réforme.

 

Interdiction des partis politiques en Turquie : différences importantes par rapport à la pratique européenne commune 
Dans son rapport sur la prohibition des partis politiques en Turquie, adopté au cours de la 78e session plénière (13-14 mars), la Commission de Venise constate que la situation turque présente trois différences importantes par rapport à la pratique européenne commune :
 
1.            La longue liste de critères matériels de la constitutionnalité des partis politiques, énoncés à l'article 68 (4) de la Constitution et dans la Loi sur les partis politiques, va au-delà de ceux que la Cour européenne des droits de l'homme et la Commission de Venise considèrent comme étant légitimes.
2.            La procédure de décision concernant l'interdiction ou la dissolution des partis est plus arbitraire et moins sujette à un contrôle démocratique que dans les autres pays européens.
3.            L'existence d' une tradition consistant à appliquer régulièrement les règles relatives à la dissolution des partis politiques, n'a d'équivalent dans aucun autre pays européen et montre que cette application n'est effectivement pas considérée comme étant une mesure exceptionnelle mais comme un aspect structurel et exécutoire de la Constitution.
 
Le problème fondamental posé par les règles concernant la dissolution des partis politiques actuellement en vigueur en Turquie est que le seuil, tant pour l'engagement des procédures que pour l'interdiction et la dissolution des partis, est trop bas. Ce fait s'écarte en lui-même « in abstracto » des normes démocratiques européennes communes et conduit trop facilement à des mesures contraires à la Convention européenne des droits de l'homme, comme le montrent les nombreuses affaires relatives à la Turquie examinées par la Cour européenne des droits de l'homme.
 
En conclusion, la Commission de Venise estime que, prises ensemble, les dispositions des articles 68 et 69  de la Constitution, ainsi que les dispositions pertinentes de la Loi sur les partis politiques forment un système qui n'est pas compatible avec l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'homme tel qu'il est interprété par la Cour européenne des droits de l'homme, ni avec les critères adoptés en 1999 par la Commission de Venise et repris depuis lors par l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.
 
Par conséquent, la Commission de Venise estime que même si la réforme de 2001 marque un important pas en avant, elle n'a pas permis d'accroître suffisamment le degré général de protection des partis pour qu'il soit comparable à celui qui découle de la Convention européenne des droits de l'homme et des normes démocratiques européennes communes. Il est donc nécessaire de réformer plus avant pour atteindre cet objectif, tant en ce qui concerne les questions de fond que de procédure. Reprendre le processus de réforme constitutionnelle serait l'option préférée de la Commission de Venise. Amender les dispositions spécifiques serait une autre option.

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